Page 14 - Directeurs des postes
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Charles Joseph Fortuné marquis d’Herbouville 



                                       (Paris, 1756 – Paris, 1829) 




          Héritier d’une longue lignée de la noblesse normande, Charles d’Herbouville est
          orphelin très jeune. Il est élevé par son tuteur, un bourgeois parisien, à qui il doit
          son attachement à l’esprit des Lumières. Destiné au métier des armes, il est
          capitaine puis colonel de cavalerie, enseigne des gendarmes de la garde du roi
          (1771-1787). En 1789, il commande le corps des « volontaires patriotes » de
          Rouen   et   s’oppose   aux   contre-révolutionnaires   comme   aux   débordements
          populaires, soustrayant un grand nombre de personnes aux persécutions et à la
          mort. Président de l’Administration départementale de la Seine-Inférieure, il fait
          preuve   de   libéralisme   et   d’esprit   de   compromis,   mais   démissionne   après   la
          journée insurrectionnelle du 10 août 1792. Emprisonné, il s’échappe et se retire
          sur ses terres de Saint-Jean-du-Cardonnay où il se consacre à l’agriculture et à
          l’élevage de mouton mérinos.
          Bonaparte le rappelle en 1800 et le nomme préfet des Deux-Nèthes (Belgique).
          Noble mais non émigré, ancien administrateur, disposant d’une certaine fortune,
          d’esprit libéral et conciliant, il semble avoir toutes les qualités nécessaires pour
          rétablir  la  situation   économique   désastreuse   du   département.   Le   3   décembre
          1805, il est nommé préfet du Rhône. Il embellit Lyon, entreprend de grands
          travaux en démolissant les maisons trop vieilles et mal alignées, relance la soierie
          et prend des mesures pour lutter contre l’épidémie de variole. Durant ces quatre
          années, il fait exécuter les lois fiscales et celles sur la conscription avec rigueur et
          ponctualité, faisant dire à l’Empereur « qu’il n’avait pas de meilleur préfet ».
          Cependant, cette inflexibilité lui aliène la population et devient la cause de sa
          révocation ; il rejoint alors les rangs des ennemis du gouvernement impérial.
          En octobre 1815, il est nommé directeur-général des postes. Il se signale par
          des vexations en tout genre envers les employés de tout grade, la faveur étant
          l’unique titre qu’il accorde pour l’avancement. Il édicte un règlement chassant
          d’anciens   serviteurs   jugés   trop   âgés   pour   les   remplacer   par   d’autres
          beaucoup plus vieux, poussant le désordre à son comble dans la Direction des
          postes. Il est démis de ses fonctions en novembre 1816, uniquement regretté
          des chefs de la faction dont il sert les correspondances et favorise les projets.

          Il est fait marquis-pair héréditaire en 1817.













          Voir bibliographie en fin de volume
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