Page 12 - Directeurs des postes
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BEUGNOT, Jacques Claude, comte
(1761-1835)
Lieutenant-général du présidial de Bar-sur-Aube avant la Révolution, Beugnot est élu
le 8 septembre 1791 représentant du département de l’Aube à l’Assemblée
législative où il fréquente Danton. Il s’oppose aux mesures contre les prêtres
réfractaires le 25 novembre 1791 et propose, le 3 mai 1792, un décret d’accusation
contre des journalistes, menant à l’arrestation de Marat et de l’abbé Royou, ce qui
lui valut la haine des Jacobins. Après la journée insurrectionnelle du 10 août 1792,
il est arrêté, emprisonné et n’est libéré qu’après le 9 thermidor an II (26 juillet
1794). Proche de la famille Bonaparte, il devient conseiller du ministre de l’Intérieur
Lucien Bonaparte après le coup d’Etat du 18-Brumaire, avec pour mission de
désigner les nouveaux préfets. Préfet de Seine-Maritime de 1800 à 1806, il est
chargé en 1807 de l’administration du nouveau royaume de Westphalie créé pour
Jérôme Bonaparte. Administrateur du grand-duché de Berg en 1808, il rentre en
France en 1813 comme préfet à Lille. Nommé ministre de l’Intérieur du
gouvernement provisoire en 1814, il rédige l’allocution à l’occasion de l’entrée à
Paris du comte d’Artois Il devient, le 13 mai 1814, directeur général de la police,
rétablit les processions et le repos obligatoire du dimanche. Il sera ensuite ministre
de la Marine (3 décembre 1814) et accompagnera le roi à Gand durant les Cent-
Jours.
Le 9 juillet 1815, il est nommé directeur général des postes. Il y consacre un
chapitre entier de ses Mémoires : « (…) ce que j’avais de mieux à faire, était de
me dévouer tout entier à ces modestes fonctions ». A son arrivé, il trouve une
grande confusion due notamment à la période 1814-1815 et à l’abus de
contreseings. « Je demandais raison des franchises sans nombre que M. Ferrand
avait accordées ou reconnues, et je soulevais contre moi un violent orage ».
Menacé d’être poursuivi en dommages-intérêts devant les tribunaux, il est décrit
au roi comme un homme tracassier, difficile et qui fait « crier tout le monde. »
Désireux de réformer le transport des dépêches, il envisage de remplacer « ces
bahuts qu’on appelle malles (…) par des voitures plus légères, suspendues et
mieux assorties à leur destination ». Ses diverses réformes ne plaisent pas au
ministre des Finances, l’abbé Louis, pour qui rétablir la paix intérieure est
primordiale. Beugnot dira : « Considérée sous le rapport administratif, la
direction des Postes m’occupait assez peu, puisque j’étais condamné à la laisser
aller sur les anciens errements ». Destitué par Louis XVIII le 2 octobre 1815, il
refuse une fonction honorifique
Député de la Seine-Inférieure de 1816 à 1820, il se retire alors de la vie publique. En
1830, il est fait pair de France par Charles X et confirmé par Louis-Philippe.
Voir bibliographie en fin de volume

